Les circuits courts ou comment commercer autrement ?

Les circuits courts

Circuits courts ou vente en direct ? Comment qualifier ces expressions qui reviennent énormément dans l’actualité agroalimentaire… Ces modes de consommation s’annoncent comme un retour aux sources qui pourraient remettre les productions locales et les agriculteurs sur le devant de la scène.

Définition :

Les circuits courts se qualifient comme un réseau de distribution sans ou avec un seul intermédiaire.

A contrario, les circuits longs en possèdent au minimum 2.

Exemple : Producteurs → grossistes → détaillants →  clients.

Ce système n’a rien de révolutionnaire, on l’utilisait bien avant. Il résout quelques problématiques du monde agricole actuel.

Dans le monde 70 % des aliments sont vendus en parcours rallongés. Cela laisse une belle part pour ceux vendus en direct, quoique encore insuffisante pour aider les productions locales.

La vente en direct

La vente directe, quant à elle, est le stade minimal du circuit court, puisque la production va directement du producteur/artisan au consommateur/client. Il s’applique à de multiples domaines, car l’essentiel est que le produit initial doit arriver directement dans les mains de l’acheteur. On le retrouve malheureusement en minorité dans l’agriculture. L’ESS (Economie sociale et solidaire) le considère comme « une relation totalement transparente », ce qui est justifié puisqu’on ne se pose pas la question du transport. Découle ensuite 4 principes phares :

  •         La création de liens sociaux
  •         L’équité dans les échanges financiers
  •         Une approche participative
  •         Une logique pédagogique

En plus de ces 4 critères, la différence se situe aussi sur d’autres domaine et points :

  • Transparence : On sait de qui vient le produit, et presque tout ce qu’il y a savoir sur l’aliment en question (traitement, provenance).
  • Provenance : On sait d’où vient le produit. En circuit long, il voyage 3000 km environ, alors que c’est maximum 250 km pour un produit en court.
  • Vente : elle détermine les points de distributions (Hypermarché ou petite ferme ?).
  • Production : On sait dans quel endroit les produits ont poussé.
  • Qualité : On sait comment ont été traités et cultivés les aliments.
  • Prix : Il trouve un juste équilibre et n’est pas multiplié par X à cause du transport ou de son label biologique.
  • Lien social : On rencontre directement le producteur et on échange avec lui.

La transparence : maître mot du circuit court et de la vente en direct

A noter que la vente directe peut s’accorder un unique intermédiaire. Elle devient indirecte, mais reste quand même dans l’optique du circuit court. Ces uniques écarts sont les revendeurs au marché ou dans des boutiques locales. Les épiciers se déplacent chez les agriculteurs pour récupérer les stocks, ou procèdent par livraison, et revendent aux clients directement.

Les AMAP sont des acteurs de la vente directe. Tandis que les restaurateurs locaux et les commerçants-détaillants sont ceux de la vente indirecte.

Pourtant, ce système n’a rien de révolutionnaire. Il était déjà bien pratiqué autrefois, avant l’apparition de la grande distribution. Nos « anciens » fonctionnaient sur un système de troc ou d’échange commercial restreint. Ce n’est qu’un retour aux sources pur et simple ainsi qu’écologique, sain et éthique.

Par ailleurs, chacune de ces formes a ses avantages et ses inconvénients.

Ce qui change réellement.

Comme l’a bien illustrée une campagne de sensibilisation d’Ecotrust, aux États-Unis, « Tale of two tomatoes » (Le récit de deux tomates), tout le monde y gagne si on achète en direct. Le producteur n’engrange presque rien en circuits longs.

Dans ce dernier système, sur 100€ de produits vendus, il perd 93,8 % de la vente et ne touchera que 6,20 euros. A contrario, en vente (in)directe, soit il empoche tout, soit il perd 20% d’argent sur le prix initial.

C’est un geste solidaire envers eux, et une façon de mieux s’alimenter tout en mangeant local.

Grâce à cette plus-value, il pourra accroître sa production quantitativement et qualitativement.

De surcroît, il pourrait se lancer dans la culture biologique en achetant des produits phytosanitaires, chers mais dans les normes de l’Union européenne. Et tout cela en gardant un prix correct et en fidélisant ses clients.

Entre autre, 10 % des français ont déjà opté pour un système court, car d’après l’Obsoco (Observatoire société et consommation), 82% des français sont attentifs à ce qu’ils consomment. D’une part, certains s’intéressent à la provenance, si c’est français, voir même local. D’autre part, certains s’intéressent exclusivement au bio. Enfin, il y en a qui font attention aux deux et qui sont arrivés à les concilier.

Comme nous l’avons vu, les modes de distribution agissent sur des points et chacun possède ses atouts et inconvénients. Malgré l’efficacité de la grande distribution, elle ne permet pas de répondre aux attentes immédiates des producteurs. Acheter en circuits courts permet d’obtenir des informations primordiales à savoir le où, qui, comment, et le quand des produits alimentaires. Seulement, sont-ils assez développés dans le monde entier ?

Etat actuel des parcours limités.

Des collectifs et des agriculteurs ont bien évidemment décidé de défier la grande distribution en essayant de mettre en avant leurs produits fermiers et locaux. Mais avant tout, il fallait trouver un moyen, une innovation pour y arriver.

Amérique du Nord

Aux Etats-Unis, une campagne de sensibilisation d’Ecotrust de 2003 a sensibilisé le plus grand nombre aux achats locaux. Cette volonté était bien ancrée depuis longtemps, « motivée » par la disparition de 4,7 millions de fermiers depuis 1935 sur le territoire américain. Ce n’est qu’à l’heure actuelle où on arrive à percevoir quelques effets positifs de ces campagnes. “Tale of two Tomatoes” raconte l’histoire de deux tomates : Travellin’ Tom et Local Lucy.

Tom est un cultivar de tomate banal. Il est dédié à la grande distribution et traverse l’Amérique du Nord dans son camion.  Cueilli encore vert, sa maturité est accélérée par éthylène (gaz et produits chimiques). Sa vente n’offrira qu’un tout petit revenu à l’agriculteur de base, alors que le voyage ne s’est effectué que dans un seul pays…

Local Lucy est bien sûr mise en avant dans cette campagne… Tomate de variété ancienne, elle est fraîche, savoureuse, belle et donne envie de la consommer. Sa vente finale offrira le juste prix à celui qui l’a cultivée.

Sous cette forme de bande dessinée, Ecotrust a un peu plus imprégné le local dans l’esprit des Américains. Mais ce n’est pas encore un progrès constant.

Au niveau des innovations et des investissements sur le territoire, quelques fermes vendent en direct et proposent des groupements d’achats pour faciliter l’accès au local. Dans l’Alabama, Moore Farm and friends vend aux particuliers sa production très diversifiée, et dispose d’un site web complet.

“Real Time Farms” proposait un service de géolocalisation de fermes au sein des Etats-Unis. Il regroupait les producteurs, artisans, prestataires et restaurants sur un même site, un peu comme Bienvenue à la ferme. Seulement, il ferme en avril 2016 à cause de la baisse de bénévoles pour pérenniser la plateforme.

Enfin, les restaurateurs agissent de leur côté en commençant à citer l’origine de leur produit.

Au niveau européen

En Europe, ces modèles démarrent lentement mais sûrement.

Alors que les pays scandinaves proposent des cantines avec des produits locaux, en 2015, 15% des agriculteurs de l’Union européenne ont vendu la moitié de leur production en circuits courts selon une étude du Parlement Européen. Elle impose beaucoup de normes au niveau de l’agriculture biologique. L’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et la France sont les pays disposant le plus de surfaces agricoles cultivées en bio. De plus, ils sont les plus grands producteurs de fruits et légumes sur le continent.

L’Italie dispose de sa plateforme qui se nomme Campagna Amica, et de sites spécialisés dans le bio.

La Belgique est pessimiste au niveau de sa production agricole. Il est difficile de trouver des références sur Internet. Par contre, beaucoup de cultivateurs, maraîchers, producteurs et même clients se retrouvent en “groupement d’achat” ou dans des réseaux bien définis en Wallonie.

En Pologne, un couple a décidé de lancer une plateforme pour trouver des produits en direct du producteur donc “digne de confiance”. En effet, leur fille ne pouvait pas s’alimenter n’importe où en raison de nombreuses allergies aux conservateurs, pesticides… Aller dans un supermarché n’était plus envisageable, et les vendeurs sur les marchés mentaient la plupart du temps sur la qualité de leur produit… Il fallait aller directement chez l’agriculteur pour être sûr de la provenance. C’est alors qu’ils se sont dit de promouvoir ces achats directs en Pologne, en s’inspirant d’un modèle Slovénien. La plateforme recense le plus d’agriculteurs possible et désire s’étendre au-delà des frontières polonaises.

France

En France, nous avons plus développé les relations qu’il pourrait y avoir par le biais de la vente en direct. Bienvenue à la ferme ou La Ruche qui dit oui ! ont fait leur preuve il y a quelques années de cela. Des « ruches » se sont même ouvertes dans des pays frontaliers à l’hexagone (Belgique, Espagne, Italie, Suisse, Allemagne), aux Pays-Bas, Danemark et au Royaume-Uni ! À l’échelle plus ou moins locale, on trouve des collectifs et des associations favorisant les circuits courts.

En Vaucluse, nous avons instauré une plateforme de mise en relation entre le producteur et le consommateur. Elle se nomme Allechant.fr – Manger local en Provence. Elle permet de publier des annonces (payantes et gratuites) de produits que l’agriculteur veut vendre au particulier. Intuitive et facile à prendre en main, elle est ouverte à tout le monde, aux épiciers etc… Et ces derniers pourront se synchroniser avec l’agriculteur au niveau du stock et des produits à vendre.

 

Les circuits courts sont-ils vraiment une nouvelle manière de consommer dans l’alimentaire?

Nous venons de le voir, les circuits courts sont à la mode. Ils ne sont pas réellement un nouveau moyen de consommer de la nourriture. Ce mode de commercialisation correspond plus à un retour aux sources, à de l’échange et de la proximité en « antagonisme » avec les grandes surfaces. Un changement d’habitude de consommation poussé par une GMS qui nous nourrit depuis des générations avec des produits dont nous ne connaissons plus précisément la provenance où, les scandales s’enchaînent. Les produits semblent uniformes sans que la qualité puisse primer sur la quantité.

Le consommateur a besoin de ressentir les choses, de savoir ce qu’il consomme et comment cela a été créé. Les circuits courts tout comme la vente en direct sont une réponse à ce besoin d’authenticité et de qualité.

Une demande, mais aussi une offre qui s’organise petit à petit avec le Bio, les cultures plus petites ou plus variées, sans traitement, des cultures aussi raisonnées, avec des produits hors calibres pour les supermarchés, mais excellents tant en terme de goût que de qualité nutritive. 

Le changement est en marche. Il reste à savoir maintenant si nous passerons le cap de la marge à la masse… Affaire à suivre !

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