A l’aube des nouvelles pratiques agraires tranchantes avec les crises agricoles actuelles, le Vaucluse désire se démarquer des autres départements français. Premièrement par son offre de surface cultivable élevée, et deuxièmement par l’avènement de nouveaux modes de consommation.
Une base agricole solide…
Posons tout d’abord un premier bilan.
Le Vaucluse est le 1er département de PACA et le 10ème de France en pourcentage de surfaces agricoles utiles (SAU) consacrées au bio (16,7%). Le territoire s’investit et se rapproche d’une agriculture plus durable et responsable.
Depuis fin 2016, sur les 20.500 exploitations de PACA, 2880 fermes sont essentiellement tournées vers le bio. Ce chiffre correspond à une augmentation de 6,1%, la hissant à la 4ème place des régions françaises. Si on se concentre sur le Vaucluse, il possède à lui tout seul 796 exploitations orientées dans ce secteur. Il se retrouve au pied du podium des départements français, soit 4ème tout en étant premier de sa région.
Les agriculteurs se consacrent plus dans l’élevage de poules pondeuses et dans la viticulture qui représentent respectivement 39 et 52%. Il s’impose comme le premier département producteur de vins bio, de cerise et de raisins de table.
“796 fermes bio en Vaucluse, 4ème département de France”
… qui fait face à des menaces.
Les producteurs doivent faire face à une concurrence de plus en plus imposante et à un manque d’outils ou de solutions particulières pour se défendre contre les maladies et champignons.
Les fruits et légumes bio viennent parfois d’Italie, d’Espagne ou du Chili. Ces imports provoquent la colère des agriculteurs surtout que leurs prix sont moins compétitifs.
Par ailleurs le Vaucluse doit se prémunir de règles d’hygiène. On remarque que les exigences sanitaires sont élevées. Le département manque de centre de conditionnement des œufs ou de formes de biosécurité* liées à l’agriculture avicole* (Volailles en plein air). Depuis le 8 février 2016, le gouvernement a imposé des mesures à appliquer avant Juillet 2018. Ce décret pose de nombreux problèmes de coûts et de place aux agriculteurs avicoles. De plus, les œufs sont un des produits les plus vendus dans le Vaucluse, d’où l’intérêt de les respecter, mais à un prix élevé…
La société désirent acheter plus souvent de façon locale et les demandes sont en perpétuelles augmentations. Il faut y répondre par le biais de nouvelles méthodes tout en faisant face aux défis qui se dressent devant les agriculteurs.
Des solutions à tester
Les circuits courts ainsi que la vente en direct semblent être judicieux pour contrer ces manques.
Ce mode de distribution réduit au maximum le nombre d’intermédiaires, en se basant sur un système de diminution du temps de transport, voir l’élimination de ce dernier. Les livraisons du producteur vont se faire aux alentours de chez lui, tel que des hôpitaux, des cantines scolaires ou dans des AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne).
Il découle de ce système la vente indirecte et la vente directe.
Pour le premier modèle, c’est entre autre un achat des produits par les restaurateurs, les commerçants ou encore les GASE (Groupement d’Achat Service Epicerie).
Pour le deuxième, aucun intermédiaire n’est présent. La vente peut s’effectuer sur les marchés locaux, dans des fermes, où le produit passera du producteur au consommateur immédiatement. Ainsi, les deux parties sont gagnantes car il n’y a aucun prélèvement ou taxe en plus. De nombreuses associations prônent aujourd’hui ce mode de distribution.
“54% des agriculteurs bio de PACA vendent en direct pour écouler leurs stocks ”
En France, en 2015, 10% des exploitations produisant du bio passaient par la vente directe, contre 2% en circuit long. Et 23% des exploitants, soit 1 sur 5 vendaient des parts de leurs productions en circuits courts. Ce nouveau mode de commercialisation semble être une nouvelle alternative à ces premiers, qui peuvent s’avérer être contraignants.
En effet, certains produits comme les fanes de carottes, petits laits etc… sont invendables en grandes surfaces. De plus, le transport long peut abîmer des aliments considérés comme pas assez “beaux” pour être vendus. Ce sont les très connues “Gueules Cassées”, qui sont réutilisées pour être le plus souvent transformées en soupe, coulis ou en plat préparé produits par les industriels, professionnels ou particuliers.
Enfin, des productions sont plus faciles à vendre dans ce système de commercialisation. Si on prend en compte les chiffres de l’Agreste (Par le Ministère de la culture), les apiculteurs et les maraîchers* sont ceux qui vendent le plus en circuits courts. Les fruits, la viande, le pain, les produits laitiers, le vin, la volaille et tous les autres produits de saison, agricoles et artisanaux sont également vendables en direct.
Ils séduisent de plus en plus les agriculteurs, qui n’abandonneront pas pour autant la grande distribution. D’une part, les GMS sont de plus en plus friandes de ce type de produits et n’hésitent pas à en faire des rayons entiers. D’autre part, certains producteurs se voient « oubliés » de leurs clients qui venaient acheter directement, ce qui les ont contraint à fermer leur ferme. Cependant, les ventes en direct permettent aux plus petits d’évoluer. 72% des jeunes agriculteurs (La ruche qui dit oui), se disent intéressés par ce système et 85% de la population française est intéressée par l’achat du bio en local.
Par conséquent, le Vaucluse semble avoir un avenir dans ce mode de distribution, mais comment facilite-t-il l’accès aux produits locaux ?
Le Vaucluse en bonne position
Grâce à ses nombreuses fermes qui cultivent le bio, le département a développé de nouvelles méthodes de commercialisation en s’inspirant des circuits courts.
Nous constatons que la région PACA a renforcé ses circuits de proximité car 54% (2016) de ses agriculteurs bio effectuent la vente en direct pour écouler leurs produits. Cette catégorie est florissante car la plupart des grandes enseignes spécialisées sont localisées dans toute la région. La moitié des produits bio disponibles sont vendus en circuits courts (aux cantines scolaire par exemple), ou par le biais de ventes directes (Epiceries, marchés, fermes…)
“Les ventes en direct dans le Vaucluse se portent bien…”
La ville d’Avignon et sa périphérie se sont mobilisées pour promouvoir cela, avec l’aide de diverses associations.
Le collectif “Bienvenue à la ferme”, très actif, a ouvert avec les agriculteurs du Luberon le premier Drive fermier à Apt, permettant de retirer ses produits sans descendre de sa voiture. Sous l’impulsion de cette association, de nombreux producteurs et famille ont décidé de se lancer dans la vente en direct ou d’utiliser les circuits courts. C’est le cas par exemple de la ferme La Reboule, et de La Durette qui, elle, a lancé son collectif.
Les épiceries ne sont pas en reste tout comme les restaurants qui mettent en avant les productions locales et fermières. Le magasin Le Petit Pot, qui en plus de proposer des produits de proximité, propose des achats éco-responsables. Les fondateurs de Youpi ! Des brocolis, quant à eux, vendent des produits bio, issus de l’agriculture paysanne locale, et les proposent dans le menu de leur nouveau restaurant. Vous pouvez les retrouver à Saint Ruf.
Une dernière initiative, qui touche en revanche toute la région, est la création d’une monnaie locale complémentaire* : “La Roue” par la SEVE (Systèmes d’Echanges pour Revitaliser l’Economie). 1 roue vaut 1 euros. Cette monnaie a pour objectif de développer la solidarité entre les vendeurs locaux et mettre en avant les producteurs partenaires.
Monnaie « La Roue »
Les ventes en direct dans le Vaucluse se portent bien même si le département a encore du progrès à faire pour se rapprocher de ses producteurs et répondre à la demande grandissante de la société, qui désire manger plus sainement et surtout local. De nouvelles perspectives sont à creuser pour proposer des innovations dans le Vaucluse permettant de promouvoir les ventes en direct, les circuits courts et l’agriculture biologique.
* (Lexique)
Source : Agence Bio, Bio Provence, Agreste, Rapport de l’Assemblée Nationale sur l’agriculture