Les ventes en direct permettent de manger localement et sainement. Des associations qui les prônent sont réparties dans tout l’hexagone et proposent des solutions inédites. Dans ces circuits courts, le producteur et le client sont gagnants sur beaucoup de critères. Avignon propose des points de ventes qui disposent de produits agro-alimentaires vendus directement. C’est sous l’impulsion de concours et de startups crées par le département que le Vaucluse se rapproche d’une agriculture plus éco-responsable.
Un premier bilan qui pose les bases :
796 fermes bio en Vaucluse et 4ème département de France en nombre d’exploitations biologiques. Voilà les chiffres à retenir de la fin d’année 2017. Il s’agit de savoir où partent les productions et comment elles sont vendues.
1825 exploitations vendaient en direct en 2010.
Un intérêt certain
L’utilisation des circuits courts permet au producteur d’être majoré sur sa vente, puisqu’il n’a pas d’intermédiaires à payer. Le fait d’enlever l’étape du transport valorise la production tout en évitant qu’elle soit abîmée. Au moins 72% des jeunes agriculteurs se disent intéressés par ce mode de fonctionnement (La Ruche qui dit oui), et 1 agriculteur bio sur 5 en France l’emploie.
Il faut aussi arriver à identifier le type de cible. Les particuliers sont évidemment demandeurs mais les établissements publics (cantines, restaurants collectifs, hôpitaux…) désirent aussi s’approvisionner en circuit court.
A titre d’exemple, l’hôpital d’Avignon commence à se fournir par le biais de livraisons directes du producteur.
Les circuits courts séduisent un large panel de public. L’agriculture et l’élevage, qui font partie intégrante du paysage vauclusien, se doivent de les utiliser ou de les essayer. Il s’agit d’arriver à concilier production et vente directe.
Un large panel de choix sur Avignon
Avec de telles opportunités, il s’agit d’innover pour mettre en avant les agriculteurs et répondre aux demandes des clients qui désirent manger local, bio, tout en encourageant les producteurs. La Cité Papale s’est dotée de quelques infrastructures pour les accompagner.
Les marchés
Ils sont des vecteurs de circuits courts. Il y en a 9 sur Avignon dont des nocturnes. Nous avons par exemple celui de la Préfecture Chabran le samedi matin. On y trouve un peu de tout, allant du produit local comme les champignons, aux vêtements. Le dimanche matin, c’est celui des maraîchers qui bat son plein à Saint Chamand.
Le plus connu est bien sûr le site des Halles, marché couvert en face de Place Pie. Des étals comme La boucherie Bio des Halles, Le jardin de Victor ou Sources de vie vendent des produits locaux et favorisent les producteurs de la région. On trouve toutes les catégories d’aliments, allant du primeur, à l’épicier et au poissonnier. Le marché des Halles d’Avignon est ouvert tous les matins (sauf le lundi).
Le reste des manifestations des producteurs se déroulent plus en extra-muros :
- A Monclar les vendredi matin. (poissons, vêtements, viandes…)
- A la Rocade Charles de Gaulle, à coté de l’Eglise Jean XXIII les mercredi matin (Fruits et légumes).
- Au Pont des deux eaux, en face de Casino les vendredi matin. (Fruits et légumes de saisons).
- A l’Avenue de la Trillade les mardi matin. (Fruits et légumes de saisons).
- A l’Avenue Wetzlar les jeudi matin (Fruits et légumes de saisons).
- A Montfavet, place de l’Eglise les mardi matin, qui propose des nocturnes les vendredi soir.
- Sur l’Allée de l’Oulle, les lundi du 3 avril au 9 octobre 2018 de 17h à 19h. Ce marché de producteurs vend essentiellement des produits issus d’agriculteurs du Vaucluse.
A part les marchés, des collectifs ou des boutiques proposent une nouvelle vision pour consommer.
Les fermes locales
De plus en plus de fermes locales comme La Reboule se servent du site “Bienvenue à la ferme” pour communiquer sur la vente aux marchés ou directement chez eux. La Durette, quant à elle, a créé son collectif qui se nomme le Grab (Groupe de Recherche en Agriculture Biologique). L’objectif est de mettre en avant la Ceinture verte avignonnaise, qui possède des cultures en agroforesterie* . Les fermiers vendent le fruit de celles-ci par et pour les locaux. Cette idée n’est expérimentée qu’à petite échelle pour le moment, et semble bien fonctionner.
Dans les remparts
En intra-muros d’Avignon, nous pouvons trouver des magasins bios et locaux qui promulguent les productions des agriculteurs vauclusiens. Ils offrent aussi un service de livraison en vélo ou scooter pour limiter les déplacements et les intermédiaires (Cyclopanier). Le Petit Pot, une des premières épiceries bio sans emballage de la région, propose une gamme variée de produits disponibles en vrac. Des restaurants, comme Youpi ! Des brocolis, se fournissent en denrées alimentaires locales. Les dirigeants vont chercher eux-même leurs aliments, et le producteur les livrent dans de rares cas.
Des institutions plus « informelles » viennent s’ajouter à cela.
Les initiatives locales
Une monnaie complémentaire
Pour appuyer ces points de vente, une économie circulaire doit être favorisée. Une MLC* (Monnaie Complémentaire Locale), La Roue, est en libre circulation et peut être retirée sur quelques banques d’échange. Cependant, encore trop peu de magasins et de fermes acceptent cette monnaie.
Des distributeurs pas comme les autres
Les quartiers périphériques ne sont pas isolés des circuits courts. Le collectif “En direct de nos fermes”, soutenu par La chambre d’agriculture du Vaucluse, a installé un distributeur de produits fermiers, dont les casiers peuvent être remplis par les producteurs des environs. Un seul point de livraison pour apporter d’un coup les aliments dans le local et le client paye le contenu du casier qui s’ouvre automatiquement. Il est situé devant la salle polyvalente du quartier Agroparc. Bien sur, des collectes de fonds ont été organisées pour s’étendre encore plus et des nouvelles structures devrait être installées. Ils “germeront” soit à la gare TGV, à l’île Piot ou encore au parking des Italiens.
C’est sous cette impulsion qu’est née le drive fermier d’Apt. Les agriculteurs du petit Luberon et “Bienvenue à la ferme” ont ouvert le premier du nom en Provence. La procédure est simple puisqu’il faut s’inscrire sur le site, commander en ligne ou par téléphone et d’aller retirer ses produits sur un point de vente donné : 661 Avenue de Lançon. Les clients traitent directement avec les producteurs et ne perdent pas de temps.
Un soutien de la mairie…
La Mairie d’Avignon s’implique aussi dans la vie agricole.
Soutenu par le budget participatif 2017 de celle-ci, Caroline, fondatrice de l’association Yapuca, va pouvoir concrétiser son projet. Elle fait appel aux bénévoles pour permettre à 5 potagers participatifs de voir le jour dans les parcs municipaux de l’agglomération, pour les cultiver et comprendre les enjeux de leur culture. Pour elle, « L’idée, c’est de faire tout ensemble, de tout partager ! ». (Source France Bleu).
… qui accompagne les initiatives du département.
Bien entendu, toutes ces solutions disposent d’avantages comme d’inconvénients. Il faut continuer à innover pour pouvoir remettre les agriculteurs sur le devant et ainsi répondre au manger local et manger sainement. Et le département et le Grand Avignon semblent sur la bonne voie. Ils encouragent les jeunes à se lancer dans ces métiers car au moins 11 établissements scolaires (Centre Forestier, Lycée Agricole, l’ISEMA), reconnus ou non, sont recensés dans le Vaucluse. Et comme ces jeunes sont l’avenir de cette filière, des concours sont organisés pour les mettre en avant, tout en proposant des idées pour les producteurs et revendeurs.
Un département ambitieux
Le Vaucluse ancre de nombreux projets dans l’agro-alimentaire, et effectue des recherches pour s’imposer au niveau national et mondial. On remarque que des starts-Up originaires d’Avignon ont su s’étaler à grande échelle.
Des pôles de compétitivités, des concours, et des lieux qui sensibilisent le public à la biodiversité. Des atouts majeurs pour le département.
Des pôles de compétitivités ont été instaurés pour redynamiser le territoire dans le domaine de l’agriculture.
Le pôle Terralia, en activité depuis 2005, agit à échelle régionale : Le Grand Sud-Est (PACA, Auvergne Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon). Il organise des concours nommés Innovafood et Smart Agri. Les organisateurs encouragent les petites start-ups de l’agro-alimentaire, convaincus de la force que peuvent posséder celles-ci.
Innovafood accueille tous les concurrents de la France qui souhaitent proposer leurs nouveaux produits, innovations dans les catégories fruits, légumes, élevage, vin, vente directe… Le Smart agri rentre plus dans la technologie et la mécanisation des filières agro-alimentaire, pour rendre l’exploitation plus durable tout en augmentant sa performance.
Si on continue dans les concours, Ecotrophelia récompense le meilleur de l’innovation et des produits. La CCI de Vaucluse et l’Association Nationale des Industries Alimentaires (ANIA) ont créé en 2000 cette institution, passant de régionale à nationale pour finir Européenne depuis 2008. Le concours sollicite les projets des étudiants universitaires, des grandes écoles et des acteurs de starts-up agro-alimentaire pour les récompenser et les inciter à continuer d’innover dans une voie éco-responsable. Une centaine de produits ont été commercialisés et le concours est décrit comme “La champions League de l’innovation alimentaire”.
22 projets de 160 étudiants venant de 18 grandes écoles ou universités françaises pour la Nuit de l’innovation.
L’année 2018 a vu la première édition de la Nuit de l’Innovation se dérouler au Palais des Papes. Des aliments et boissons innovants mixants fruits, légumes ou poissons ont été présentés par des étudiants.
Des grandes entreprises…
Le siège d’une grande entreprise est basée depuis 1992 près du technopole d’Agroparc. Il s’agit de Naturex, un groupe spécialisé dans les ingrédients naturels. Aujourd’hui, Naturex dispose d’un rayonnement mondial : 16 unités de production répartis au travers de pays intercontinentaux, mais présentes surtout en Amérique et Europe. Leur domaine de prédilection est l’extraction végétale. C’est-à-dire le fait de retirer tous les bienfaits des plantes en étant respectueux vis-à-vis de l’environnement et du développement durable. Les chercheurs répondent aux demandes des clients industriels de l’agro-alimentaire, de la santé ou de la beauté. Ils proposent ensuite une gamme variée, oscillant entre cosmétiques (teinture pour cheveux), aliments (boissons etc…) et compléments alimentaires.
… aux petites start-ups
Allechant est une plateforme de mise en relation dans le domaine agro-alimentaire. Lancé en 2018, elle propose un système d’annonce (gratuite et payante selon le modèle) qui permet aux producteurs de mettre en avant leur produit, pour qu’un consommateur lui achète. Le premier sera géolocalisé afin de savoir où est basé sa ferme et pour que le second sache où retirer ses produits. Le lieu de rendez-vous est fixé entre eux, ils décident de tout. Un nouveau point pour les circuits courts, qui vient s’ajouter de façon innovante à toutes les options déjà possibles dans le domaine de l’agroalimentaire.
Avignon accueille volontiers des petites entreprises qui viennent des coins de la France.
En Février 2018, G.M.R (Green Molecular Response) s’est installé dans le technopôle d’Agroparc. Originaire de Bretagne, G.M.R a vu le jour en 2015 lorsque Julien Lesage s’est lancé dans la valorisation des matières premières végétales dans des domaines variés (Cosmétique, alimentation animale…). Et Avignon semblait être une terre d’accueil prometteuse à cette entreprise qui ne cesse de se développer avec le soutien de Naturex. Il s’agit de continuer dans cette lancée afin d’attirer de grands groupes économiques.
Des associations
L’Epicurium est une association au cœur d’Agroparc lancée sous la houlette du pôle Terralia. Il propose des parcours en plein air, des cours de jardinage et des visites guidées, adaptés à tout type de public. Les étudiants sont une cible puisqu’une UEO (Unité d’enseignement d’ouverture) est organisé là-bas. L’Epicurium est donc partenaire avec la faculté et l’INRA. Une exposition permanente sur les 5 sens est visible dans l’espace muséographique et les temporaires se succèdent selon les saisons dans le jardin. Les activités sensibilisent aux bio et à l’achat local, d’où leur slogan “Le végétal de la graine à l’assiette”. Les graines des arbres proviennent des pépiniéristes du coin. Pour finir, les jardins sont respectueux de l’environnement, et quasiment cultivés en permaculture.
Une technologie au service de l’agro-alimentaire
D’une part, le Vaucluse dispose de bons revenus liés à l’agriculture car la Vallée du Rhône est l’un des principaux terroirs mondiaux de la gastronomie, de l’agriculture, du biovégétal et de la viticulture. D’autre part, il possède aussi un grand capital technologique. En effet, il s’est vu récemment décerné le label FrenchTech, qui est attribué à des pôles métropolitains reconnus pour leur écosystème de Start-Ups. Avignon-Provence fait désormais partie des 5 écosystèmes thématiques (Design, Industrie, Santé, Science), en ajoutant la Culture, dans tous les sens du terme. Le label favorise aussi les grandes métropoles dans des domaines particuliers.
La région d’Avignon, la Vallée du Rhône et le Vaucluse occupent des positions de leadership culturel à l’échelle européenne et mondiale. Le projet FRENCH CULTURE TECH a pour stratégie de croiser ses compétences avec un développement économique et territorial autour du numérique à partir d’un écosystème existant.
La ville tend à posséder le label Food Tech, comme le technopôle de Dijon Bourgogne Franche-Comté, grâce à l’implication du réseau Terralia qui se fait de plus en plus remarqué. L’oeunotourisme est un bon point de départ, car grâce à la technologie, de nouvelles vignes connectées ont vu le jour en Provence. Elles permettent de découvrir l’histoire du domaine. Avignon mise beaucoup sur le culturel et moins sur la culture de la terre mais s’y engage de plus en plus.
Le Vaucluse dispose de possibilités infinies et se doit de creuser encore ses atouts pour que la vente en direct facilite la vie des producteurs et des clients. C’est dans une optique de développement durable et d’éco-responsabilité qu’il pourra y arriver dans un avenir proche.
Source :
Les différents marchés d’Avignon.
French Tech Culture
* (Lexique)